par le Dr. Mesquida Serge.
Les jambes courtes sont relativement rares, mais sont un sujet polémique parce qu’elles existent toujours au sein d’un gauchissement plus global du corps en entier dans lequel la jambe courte disparaît en se mélangeant avec les bascules et les rotations de la ceinture pelvienne, elles-mêmes à l’origine d’une inégalité de longueur des membres inférieurs (ILMI).
Pour démêler le faux du vrai, il faut avoir à l’esprit qu’une ILMI est une conséquence d’un gauchissement du corps dans l’espace. Si le bassin et les épaules bascules et tournent automatiquement une hanche monte et l’autre descend laissant apparaître une inégalité de longueur des membres inférieurs qui font s’exciter les thérapeutes en ce qu’ils croient tenir là une cause de déséquilibre et par conséquent une cause de la pathologie douloureuse. Alors qu’en réalité on assiste à un phénomène biomécanique normal sans aucune valeur thérapeutique si l’on cherche à traiter des causes et non des conséquences. Le concept d’ILMI n’a pas plus de valeur que celui IHLO (Inégalité de Hauteur des Lobes d’Oreilles) inventé pour illustrer le propos, en cas d’inflexion de la tête imposée par une insuffisance de convergence.
La vraie jambe courte se définit comme un raccourcissement fonctionnel irréductible des structures de soutient des pièces osseuses et des articulations, tendons, capsules articulaires ou muscles. La vraie jambe courte peut se définir aussi comme un raccourcissement des pièces osseuses suite à une maladie comme la poliomyélite, une déstructuration accidentelle, un ralentissement unilatéral de la poussée d’un cartilage de croissance pendant l’enfance. Enfin la vraie jambe courte peut être aussi la conséquence d’une torsion irréductible du rachis dans les cas de scoliose.
On voit donc que la vraie jambe courte se définit par un raccourcissement d’un membre inférieur irréductible débarrassé d’une ILMI associée mais que son étiologie ne se résume pas uniquement à perte de substance osseuse. Toutes les théories approximatives de correction d’une jambe courte sont issues de ce que la jambe courte vraie n’apparaît jamais pure mais toujours mélangée à une ILMI. Alors que la jambe courte demande une correction orthopédique, l’ILMI ne peut être corrigée de manière orthopédique puisqu’elle résulte d’une augmentation d’entropie du processus postural.
Les “anciens” au sens noble du terme avaient conscience de ce problème et chacun a élaboré sa théorie : correction du tiers de l’ILMI apparente, du quart, pas de correction en dessous de 6 mm etc…
En réalité si l’on corrige le processus postural l’ILMI disparaît et apparaît au cours de la structuration du Processus Complexe Postural la jambe courte vraie dans la réalité du patient et pas dans celle que nous imaginons.
Pour conclure ce petit article une situation rare de jambes courte vraie due à un raccourcissement du membre inférieur gauche d’origine accidentelle. Il s’agit d’une patiente de 61 ans qui a été victime d’un accident de la circulation en 1973, à l’âge de 19 ans. Parmi ses blessures, une fracture de jambe gauche qui s’est consolidée avec une angulation oblique en dedans et en arrière du tibia et générée une jambe courte de 7mm dont la hauteur a pu être corrigée exactement après restructuration de son processus postural.